jeudi 21 août 2008

les jardins du château de Moulins

Une gravure du XVIe siècle représentant une scène de jardin.

Et les jardins bas du château de Moulins
d'après une gravure de l'Ancien Bourbonnais, ouvrage d'Achille Allier.
On remarquera une cigogne sur la tour : on sait par les comptes de l'hôtel d'Anne Dauphine, duchesse de Bourbonnais au début du siècle précédent, qu'à Souvigny, un "nid de cigogne" était entretenu. Il est vraisemblable qu'à Moulins on ait pareillement aménagé des nids pour accueillir ces oiseaux migrateurs dont le passage est attesté dans divers autres documents.




lundi 14 juillet 2008

la pavillon Renaissance d'Anne de Beaujeu



On peut imaginer que la florentine (par son père, car elle était de la Tour d'Auvergne par sa mère)Catherine de Médicis ait été séduite par ce ravissant petit pavillon Renaissance. D'autre part, le château s'ouvrait, du côté des fossés de la ville, sur un jardin très agréable si l'on, en croît la description qu'en fit Nicolas de Nicolay en 1566, justement, date à laquelle la cour séjourne longuement à Moulins. Catherine de Médicis porte officiellement le titre de duchesse de Bourbonnais depuis 1564 .
"Du costé d'orient sont les grands jardins, beaux et spacieux, bien entretenus et cultivés. Lesquels sont largement peuplés d'ornagers, citronniers, myrtes, lauriers, pins, de chesnes communs et verts et toutes autres espèces d'arbres portant diversité d'excellents fruits. Et ne sont les parterres moins fournis, selon les saisons, de toutes sortes de melons, concombres, courges, citrouilles, cardes, artichauts, pommes d'amour et herbes potagères et diverses fleurs, outre le plaisir des grandes allées, du beau et industrieux labyrinthe, du grand pavillon et le petit fort des connils verts (N.B. : lapins). Et sont lesdits jardins séparés du chasteau par deux larges et profonds fossés pleins d'eau, entre lesquels sont les longues lices à courir la bague et à piquer chevaux. A l'un des bouts d'icelles lices est la maison et jardin de l'oisellerie". Plus haut, en forme de terrasse, il y a un autre jardin, au dedans duquel passe le tuyau de la grande fontaine qui descoule quand on veut dans un vaisseau de pierre tout rond, en façon de puits, et de là remplit deux grandes et profondes cuves de pierre de taille bien cimentées [de forme longue et carrée], que l'auteur du présent livre a fait faire à ses despens, arrose tout ledit jardin.

jeudi 10 juillet 2008

chapitre 3

Le deuxième dimanche de mars, en début d’après-midi, frère Jean et frère Jeannin, deux des moines infirmiers de l’hôpital saint Julien s’étaient moqué de lui :
- "Tu vas à Cressanges ! Il va te falloir traverser la forêt de Moladier sur plus de 5 lieues : méfie-toi des charbonniers que tu croiseras. Ce seront peut-être des meneurs de loups. Prends bien garde à ne pas t’y trouver encore à la nuit tombée ! Si ta jolie face a déplu à ces suppôts du diable, ils sont capables de lancer sur toi leurs bêtes féroces.Lorenzo avait déjà rencontré, à jour de marché, ces hommes au visage maculé de suie, coiffés de grands chapeaux et habillés de peaux de bêtes, qui venaient vendre du charbon de bois."
Maitre Péant riait franchement en les entendant :
- "Vous oubliez qu’il y a aussi, dans le bois, des fées qui remettent sur le bon chemin les voyageurs égarés ! Et qu’avec la bonne étoile de notre Lorenzino, il a plus de chance d’en rencontrer une que d’être attaqué par une meute de loups".
Il l’informa :
- "De toutes façons, demain soir, tu coucheras au prieuré de Moladier. Un des gardes du martel t’accompagnera le lendemain à la maison curiale de Cressanges ; tu resteras plusieurs jours en compagnie de mon vicaire, car je veux qu’il t’informe des travaux à entreprendre à l’église. A la fin de la grand messe du dimanche, je te charges aussi de contacter les parents de jeunes enfants. Je compte sur toi pour les convaincre des les envoyer à la petite école de grammaire que je vais ouvrir dès cet automne. Un peu d’éducation religieuse ne fera pas de mal à ces paysans : il n’est pas anodin si le mot de « païen » vient du mot « paganus », paysan ! Si tu étais resté suffisamment longtemps à l’université de Pise pour obtenir ton baccalauréat, je t’aurais bien recruté comme maître d’école".
Lorenzo était flatté de cette confiance : mais il comptait bien trouver une solution pour obtenir le baccalauréat et poursuivre ensuite des études de médecine.
- "Ne t’étonne pas des difficultés que tu auras à comprendre leur langage : leur français est très primitif et ils ont un curieux accent. Dans certaines familles de charbonniers, on s’exprime même dans un langage auquel personne ne comprend goutte. Même en cherchant bien, on n’y trouve aucune ressemblance avec une langue civilisée : latin, italien, espagnol, grec, ni même l’hébreu ou l’arabe. Certains pensent qu’il s’agit d’une langue secrète de sorciers. Ces gens sont certes un peu frustres, mais contrairement à ce que voudrait faire croire l’Inquisiteur de la Foi, qui veut se faire valoir auprès de monseigneur l’Evêque, ils ne sont pas méchants. En tous cas, ils n’ont pas passé de pacte avec le Diable".
- "Hou ! Hou ! ils font peur avec le charbon qui noircit le contour de leurs yeux" dit frère Jeannin qui était un peu craintif et supersitieux.
Mais maître Péant relativisa :
- "Ceux qui vivent dans la forêt, sans crainte, entretiennent forcément des liens étranges avec la nature, mais ils ne sont pas effrayants, frère Jeannin. Superstition que tout celà, comme est superstition la croyance de nos paysans qui vise à nous prêter, à nous, hommes d’Eglise, leurs curés, des pouvoirs miraculeux…."
Frère Jean qui était en verve osa se moquer :
- "Je m’étonne que le frère Pasquet, si prompt à voir partout des suppôts de Satan et des complots démoniaques, ne vous ait pas encore accusé de sorcellerie !"
Maître Péant mit en, garde Lorenzo :
- "Frère Jean a souvent tendance à parler à tort et à travers, mais là, il plaisante à peine. Méfie toi de ce frère Pasquet : il pose des questions pleines de sous-entendus. Et j’ai peur qu’il ne comprenne pas bien les plaisanteries dont tu es coutumier….
- « Le dominicain fou est vraiment bizarre. Bien plus que les charbonniers ! » dit frère Jeannin, avant de se mordre la langue, confus d’avoir osé émettre un avis aussi inconvenant sur un homme d'Eglise.
Maître Péant reprit :
- « Tu ne vas pas tarder à le rencontrer car on le voit fréquemment fureter par ici, surtout depuis que Madame Catherine y vient avec la Cour et Monsieur Michel de L’Hospital. »
Frère Jean confirma :
- « Je l’ai d’ailleurs entendu accuser le chancelier d’être un hérétique. Il voit le mal partout : le curé de saint Pierre d’Yzeure qui l’a invité l’an dernier à prêcher pour le Carême et l’Avent, a bien regretté son initiative. Du haut de la chaire, il a cherché à exciter les fidèles, pour qu’ils dénoncent leurs voisins. »
Maître Péant rappela :
- « En vain jusqu’à présent, heureusement. Il est vrai que Monsieur de L’Hospital a fait proclamer qu’on ne pouvait accuser quiconque sans preuve. Pour le moment, ce Pasquet fouine autour des adeptes cachés de la Religion prétendument réformée et notre reine Catherine, qui a constante la volonté de préserver la paix dans le royaume est fort inquiète. Mais elle ne peut pas interdire à un Inquisiteur, qui n’a à répondre qu’à notre seigneur le Pape de venir enquêter dans le duché".

vendredi 23 mai 2008

chapitre 2

Chapitre 2

Un an auparavant, Lorenzo se tenait devant son oncle Giuseppe Lippi, le frère de sa mère, qui l’avait élevé :- « Cette expérience stupide est la dernière que vous tenterez aussi bien à Florence qu’à Pise. Risquer d’enduire de blancs et de jaunes d’oeufs tous les notables de la ville qui se rendent à la grand messe, sous prétexte que vous vouliez étudier la différence dans la vitesse de leurs chutes respectives entre 5 livres de plumes et 5 livres d’œufs de poules !!! »Lorenzo, baissait la tête, contrit.- « et entraîner dans vos bêtises Giacomo Galilée, un enfant de 7 ans, en le promouvant votre « assistant », pour les lui faire lancer du haut de la « torre pendante » écumait l’oncle Guiseppe. - « L’expérience aurait été plus intéressante du haut de la tour Asinelli, à Bologne ! » avança Lorenzo.- « Taisez-vous, je ne veux plus entendre une seule bêtise sortir de votre bouche !»Lorenzo rentra la tête entre ses épaules.- Le jeune Giacomo avait la garde de son petit frère Galileo, qui n'a pas un an et qui s'époumonait au pied de la tour ? C’est ainsi qu’il a attiré l'attention du vicaire. Et son habit a été couvert d'oeufs cassés et de plumes qui se sont collées dessus ».Lorenzo, qui avait toujours trouvé que le vicaire ressemblait à un gallinacé riait sous cape, mais il faisait semblant d'être contrit.- « Après votre précédente tentative de mélanger dans un alambic plusieurs produits mal au hasard, ce qui a abouti à l’explosion des écuries de M. Galilée, je ne peux plus vous laisser à Pise. Vous mettriez la ville à feu et à sang. »- « Pas au hasard, j’ai pris des notes… Ce n’était pas le résultat que j’espérais, mais il faut bien tenter des expériences si l’on veut faire avancer la science », avança Lorenzo.
« Votre grand-père le cardinal, ne serait pas fier de vous ». Lorenzo avait en effet dans son ascendance un cardinal et plusieurs nonnes… Il avait vécu toute sa petite enfance, dans un couvent, auprès de sa mère. Mais il manquait un peu de repères. Sa mère se passionnait pour la peinture comme avant elle son grand-père et son oncle … Elle n’avait aucune vocation pour la maternité. Lorenzo s’était investi dans l'étude, et cherchait dans les sciences des repères. Entre autres choses, il se passionnait pour les sciences expérimentales … L’oncle Guiseppe prétendait que ses expériences avaient surtout comme conséquence de provoquer des catastrophes. C’est pourquoi, quand il avait eu 14 ans, il lui avait accordé des subsides pour commencer des études de médecine, science moins risquée, à l’université de Pise qui était fort réputée. Il logeait chez une famille alliée de la sienne, les Galilée. « J’ai décidé de prendre une décision radicale vous concernant et j’ai écrit à madame Caterina, votre cousine. Car le fameux grand-père cardinal était un Médicis : Lorenzo se trouvait donc être un parent de la reine de France.- « Une ambassade doit quitter la ville de Florence pour Paris la semaine prochaine et vous partirez avec elle. Ses membres doivent rejoindre la reine à Moulins. Au mieux, Madame Caterina vous prendra comme page, au pis, on vous trouvera bien, au fin fond de ce Bourbonnais sauvage, un emploi de vicaire dans une obscure cure de campagne … »Lorenzo ne trouva rien à répondre : depuis longtemps, la cour de France invitait nombre de savants, architectes et artistes. Parmi eux le grand Leonardo, dont il admirait tant le travail… notamment ces fabuleuses machines dont il avait vu des dessins au palais ducal. Il espérait bien échapper au destin d’un vicaire de campagne. Il prit congé de son oncle et tournant le dos, récupéra une étrange planche qu’il avait déposée contre le mur à son arrivée. « Et qu’est-ce que c’est que cette chose ?- Ma planchette roulante ? C’est très pratique pour traverser les couloirs de votre palais. Je pose le pied droit dessus, prends de l’élan avec le pied gauche et je roule d’une traite jusqu’à la sortie …. - Et vous cassez les pots d’orangers dont je prends si grand soin ! Confisqué ! Je vais immédiatement jeter au feu ce diabolique engin …

vendredi 16 mai 2008

chapitre premier

Le jeune Lorenzo Lippi n'était pas enthousiaste devant la mission que lui venait de lui confier maître Michel Péant, le maître de l’Hôtel Dieu Saint Julien. Il s’était fait une telle joie de participer, en compagnie de sa cousine Marguerite au concours de poésie organisé par maître Jacques Amyot pour restaurer une tradition de la cour de Moulins. Le thème retenu : « je meurs de soif auprès de la fontaine » était repris de Charles d’Orléans et inspiraient les deux adolescents… Le seigneur de Brantôme devait aussi y participer et Lorenzo se faisait un vrai plaisir de le défier et de le vaincre dans cet exercice.
Depuis qu’elle était devenue veuve, la reine Catherine séjournait régulièrement dans la capitale du duché qui lui avait été attribué en douaire : il faut croire que le pavillon qu’un demi siècle plus tôt, la duchesse Anne avait fait construire dans le style italien, lui rappelait sa ville de Florence. Pour échapper au Louvre et à son atmosphère pesante, elle y venait le plus souvent possible, s’identifiant à cette femme à la brillante intelligence politique, qui avait été elle aussi régente de France. En 1564, elle avait engagé son fils, le jeune roi Charles à faire un grand tour de France pour se faire reconnaître par ses sujets : et Moulins était idéalement située au cœur de la France pour mener à bien ce projet. Ainsi, la cour de Moulins avait-elle retrouvé un peu du faste qu’elle avait connu à l’époque où Anne, sa fille Suzanne et son mari, le connétable Charles, en avaient fait l’une des plus brillantes d’Europe. Madame Catherine avait commandé des travaux d’aménagement.
En ce lieu, on vivait des instants privilégiés, alors que depuis une dizaine d’années, le royaume de France était en proie à une guerre civile. Mais depuis qu’en 1562, les Huguenots avaient échoué dans leur tentative de siège de la capitale du Bourbonnais, cette dernière était un havre de paix pour la reine et ses enfants…
Lorenzo, avait été exilé de Florence par son oncle, qui pensait qu’il trouverait auprès de cette lointaine cousine, une main ferme pour le guider. Elle avait trouvé à l’occuper dans l’Hôtel Dieu saint Julien, où les anciens serviteurs de la royauté dépourvus de famille trouvaient à s’héberger dans leurs années de vieillesse.
Maître Michel, en plus d'être maître de l'hôpital Saint Julien, de Moulins, était aussi curé de Cressanges. Et plutôt que de se rendre lui-même dans sa paroisse, ou de demander à son vicaire de faire le déplacement vers la capitale du duché, c’est lui, Lorenzo, qu’il envoyait dans ce village, distant d'au moins 5 lieues, pour aller percevoir les 50 livres de revenus de la cure et organiser l'ouverture d'écoles de grammaire !
Car maître Michel souhaitait faire prendre des responsabilités à son jeune écolier.
- « Vous avez l’âge du jeune duc d’Alençon, que sa mère s’apprête à nommer lieutenant général du royaume. Et le roi Charles, à votre âge, avait déjà été couronné depuis cinq ans. Madame Caterina vous a confié à moi : il est temps que l’on mette un peu de plomb dans votre tête folle ».
Lorenzo avait le même âge que son cousin Alexandre, le jeune duc d’Alençon,que l’on appelait désormais Henri. Mais le deuxième fils de Catherine, le préféré de sa mère, était déjà bien impliqué dans les affaires politiques, et n'était pas un compagnon très gai. Il lui reprochait sa brutalité envers sa jeune sœur : aussi avait-il surtout beaucoup sympathisé avec la jeune Marguerite, alors âgée de 13 ans et qu’il sentait comme lui très solitaire. Brantôme devait vanter, plus tard, sa beauté « parfaite ». C’était alors une très gentille jeune fille, intelligente et réservée. Ses deux sœurs aînées étaient mariées et sa mère était toute dévouée à ses fils pour lesquels. Elle était alors très occupée à œuvrer pour qu’Henri puisse monter sur le trône de Pologne. Elle n’entretenait avec la fillette, qui lui vouait une grande admiration, que des rapports distants. En plus d’un intérêt pour la poésie, encouragé par sa tante paternelle qui lui avait donné son prénom, Marguerite partageait avec Lorenzo un goût prononcé pour les sciences et l’observation des astres : en compagnie de leur précepteur, tous deux montaient, à la nuit tombée sur les courtines de la vieille tour du château, qu’on appelait « mal coiffée ».
Madame Catherine, s’était un peu reconnue en lui : un garçon intelligent, entreprenant, mais bridé par une éducation austère, semblable à ce qu’avait été la jeune fille de Florence envoyée à la cour France pour épouser un inconnu. Elle avait eu connaissance de ses frasques, qui avait conduit l’oncle Guiseppe à l’éloigner de Toscane. Et elle avait beaucoup ri. Elle avait jugé opportun, puisque Lorenzo avait commencé à Pise des études de médecine, de le confier en apprentissage au barbier de l’hôpital Saint Julien : il apprenait auprès de ce praticien expérimentés l’art des simples et des potions. Son intelligence vive l’avait aussi rapidement fait remarquer par maître Michel.

les musards de Cressanges

Depuis le temps que j'essaye d'écrire un roman, je vais commencer par un petit format (du type "roman jeunesse"), avec un jeune héros de 15 ou 16 ans. Et broder à partir du thème suivant :


En 1560, N. de Nicolay rapporte :
« le mardi de chacun mois de mars, (les paroissiens de Cressanges) sont tenus se venir présenter, au lever du soleil, dans le cimetière de la dite paroisse, et là demeurer et se promener sans sortir dehors, sinon en cas de grande nécessité, jusques au soleil couché, se faisant apporter leur boire et leur manger, sans oser parler les uns avec les autres ; et si, par inadvertance quelqu’un leur demandoit le chemin ou autre chose, ne leur doivent respondre autre chose, fors {sauf}, leur faisant la moue, leur dire : Mars, mars est mars ; à Cressanges sont les musars ».
S’ils manquaient à cette obligation, ils étaient tenus de payer au seigneur des Noix : sept sols six deniers d'amende.